Le thème de la tauromachie a fasciné beaucoup d’artistes : Goya, Gustave Doré, Édouard Manet, Toulouse-Lautrec, Picasso, Francis Bacon…C’est bien modestement que j’ai voulu m’inscrire dans cette tradition en traduisant en mosaïque une affiche de la Féria de Nîmes. Mais d’où vient cette fascination pour un spectacle que certains trouvent indigne et barbare ? Laissons la réponse à Vanessa Fauchier, auteur de « La tauromachie comme expérience dionysiaque » éditions Atlantica.

« Les mutations sociales du XIXème siècle entrainent chez les philosophes et les poètes un intérêt nouveau pour l’homme, don imaginaire, ses mythes. Ce mouvement s’amplifie au début du XXème siècle avec l’émergence d’une rébellion intellectuelle (Dada, surréalistes…). La quête de l’essence humaine amène certains intellectuels à se tourner vers la tauromachie. M. Leiris, véritable aficionado utilise le drame tauromachique comme tremplin à sa propre introspection. G. Bataille renvoie la violence de la corrida, le jeu avec la mort, à la recherche de la transcendance. L’un et l’autre sont en quête d’un dépassement de la condition humaine, d’un moyen de s’ouvrir au sacré. La corrida apparaît comme un renouvellement des rites dionysiaques, mêlant jouissance et horreur, vie et mort, humain et divin. »

Dans cette évocation de la corrida, le moment de la mise à mort du taureau ...ou du torero! est juste suggéré, les deux acteurs du drame sont à égalité, dans un face à face statique. On voit bien quelques gouttes de sang mais à qui appartiennent-elles? On peut y voir aussi la fusion des deux corps des protagonistes, le magnifique habit de lumière du torero représentant la tête du taureau prolongé par les cornes de l'animal noir. Fusion parfaitement représentée par Picasso sous la forme du Minotaure, ce qui nous ramène aux mythes évoqués par Vanessa Fauchier.

Une fois de plus, j'ai beaucoup aimé joué avec les matériaux. Pour l'habit de lumière du torero, il fallait trouver comment représenter les passementeries. J'ai alors pensé au corail blanc et aux têtes de clous et de vis dorés. Le côté féminin de la tenue, le torero n'affronte pas la mort en armure mais en collant rose, est apporté par les verres Swarovski. J'ai ajouté un léger volume au dos du torero pour le voûter un peu, comme s'il s'inclinait devant l'animal dans une posture de respect.

Matériaux: pâte de verre dorée, pâte de verre Albertini, corail, grès céram, paillettes, verres Swarovski, clous, vis.

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