Harry Potier ou la magie de La Borne

L’envie de créer une mosaïque sur le thème du four du potier m’est venue après avoir passé une semaine à La Borne, village de potiers près de Sancerre. En novembre ont lieu « les grands feux », les potiers cuisent leurs poteries et on peut aller de four en four assister aux différentes étapes de la cuisson dans des fours de toutes sortes. Les fours les plus impressionnants et ceux qui offrent le plus d’émotions sont bien sûr les fours à bois. Les échanges et discussions avec les artisans-artistes sont très enrichissants. Le moment le plus magique du processus est le défournement lorsque le potier découvre les résultats de la cuisson qu’il a menée parfois pendant plusieurs journées, nuit et jour et qu’il constate le travail du feu sur ses œuvres. Feu qui a pu magnifier le travail de modelage ou au contraire le détruire si la cuisson est ratée. Car au cours de la cuisson, s’opère une véritable alchimie qui convoque les quatre éléments, l’eau, la terre, l’air et le feu. « Les éléments ne se marient que deux à deux, l’eau avec la terre et la terre avec le feu » (G. Bachelard). Voici ce qu’en dit le texte du livre « L’argile partagée » : « L’eau, associée à la terre, offre la plasticité nécessaire à la forme. L’air chasse l’eau de la terre apportant le durcissement réversible de l’argile. Le feu, association de l’oxygène de l’air et du carbone des combustibles donne la chaleur transformant durablement la matière. Le potier tire parti du jeu de ces éléments. Ils sont pour lui source d’enseignement et révélateur de la justesse de son travail. » Pour ma mosaïque, j’ai tenté de représenter le four du potier au cours de la cuisson, en le personnifiant sous la forme d’un esprit souvent bénéfique mais parfois maléfique, avec son regard un peu fou. L’art de potier consiste à contrôler et contenir cette folie pour que le feu ne s’emballe pas et magnifie son travail.

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L'année enjolivée, les quatre saisons